MERCI Madame Aubenas
Mme Aubenas a écrit un livre. Elle a vécu six mois dans "la peau" d'un travailleur "précaire".
Merci Mme Aubenas.
Pendant plus de 20 ans je fus une jeune cadre administrative dynamique.
secrétaire de Direction,puis assistante , puis cadre,j étais très appréciée,et je gagnais très correctement ma vie. Rien d exceptionnel,de phénoménal,mais le boulot c'était ma vie. Et puis à 45 ans , un déménagement, et là , plouf je suis devenue "un cas social" ,une bonne à rien je suis passée à travers les mailles des filets de sécurité.
Etquand je dis que je survis péniblement avec qq heures de ménage, j'ai un peu de honte,énormément de regrets,et tant de chagrin.
Oh,il n'y a pas de sot métier,certes, mais il est des emplois qui ne générent pas ou peu de reconnaissance, dont on a l'impression qu'ils ne servent pas à grand chose, qui n'ont aucune perspective de développement, que l'on ne souhaiterait pas pour ses enfants.
Et quand on a raté son insertion dans le monde du travail, on a bien une part de responsabilité , non ? C'est notre faute, on n'avait qu'à travailler à l'école, apprendre un métier , devenir efficace, performant, ETRE UN BON ELEMENT, et puis c'est tout.
Mais quand c'est quelqu un comme Mme Aubenas dont on connait les capacités, le parcours, le métier ,qui vit volontairement avec moins de 700 euros par mois, avec des CDD , puis d autres CDD, des temps partiels qui sont tellement partiels qu'ils font une heure par ci par la, et qu'elle nous confirme que c'est le sort de centaines,voire de milliers de gens, tu te dis que , enfin, ce ne doit pas etre uniquement de NOTRE FAUTE;
Quand c'est moi qui repense à "ma vie d'avant" je me dis "comment ai je pu en arriver là" je me fais moult reproches, je mixe regrets, colère, sentiments d'échecs et d'impuissance, et je me hais.
Quand MMe Aubenas nous détaille l'ampleur de la situation,ça n'arrange rien pour moi, mais je me sens un tout tout tout petit peu moins fautive? Responsable mais pas coupable comme avait dit Georgina je crois.
RIEN QUE POUR CA, MERCI MME AUBENAS
En 84 nous avions au bureau une télexiste à mi temps. A une période, ma patronne avait voulu lui proposer un mi temps, réparti sur les deux heures de pointe de midi, et les deux heures de pointes de fi d'après midi. Je m'étais insurgée, en temps que responsable d'agence, la jeune femme aussi. Nous avions téléphoné à l'inspection du travail qui avait confirmé à l'époque à notre employeur que ce genre de pratique n'était pas acceptable, que si la direction imposait ce nouvel horaire ce serait considéré comme un licenciement abusif, avec les amendes en découlant, et ma direction y avait donc renoncé.
Le travail partiel a été largement légalisé, instauré par les pouvoirs publics dans la décennie suivante. Il s'est réduit à une peau de chagrin.
Travailler plus, pour gagner plus comme dit notre Président. En soi, "ça se discute", mais de toute façon encore faut il le pouvoir, quand on est prêt à le vouloir.
Je sais qu'il n'y a pas de solution, mais la lecture des nombreux extraits du livre de Florence Aubenas m'a fortement interpellée .